Qu’est-ce que la vie ? Tel le roseau chantant, elle se plie à sa propre volonté, mais ne se rompt jamais à notre destinée. Nous sommes dans ce paysage aquarelle, la Diphylleia Grayi, nous sommes fleur, nous sommes éclosion dans ce monde, mais nos pétales sont translucides. Pourquoi me demanderez-vous ?

Car sur cette Terre où nous avons l’impression d’accomplir des miracles, nous ne sommes rien. Ni ombre, ni poussière et chacune de nos actions sont à doubles tranchant. Tout comme cette vie, quelques êtres chéris et pourtant si vite emportés. Peu importe la classe, peu importe ce que nous sommes, peu de personne comprenne son importance, une poignée en fait… Et il s’agit souvent des Hommes soldats, Hommes malades, Hommes affaiblis, eux seuls comprennent l’importance de la vie. Il n’y a à cela qu’une raison, la rencontre d’une personne.

Une femme, magnifique, tout est contraste chez elle. Alors qu’elle se drape d’une robe et d’un voile si sombre, ses cheveux et sa peau, eux sont d’une pureté à toute épreuve. La timide se nourrit peu, car la timide n’apprécie certainement pas son rôle et se laisse donc dépérir… Mais comment est-ce possible de se donner la mort alors qu’elle est son incarnation ? Elle ne peut et donc.

Parfois,  elle vient s’envoler vers Gaïa, mère Terre et lui demande de ne pas de suite prendre cette âme encore trop fragile, trop instable.

Cruel destin que de retirer la vie à de petits êtres humains…

Je suis née à Brooklyn, on peut me penser chanceuse, mais non. Ma famille et moi-même vivons à Vinegar Hill.
Vous ne connaissez ? Laissez-moi vous expliquer, ce quartier à le taux de criminalité le plus élevé de New-York. N’imaginez pas de simples petits vols, non loin de là. Ici-bas, drogue, arme, meurtre peut s’y trouver. Ils déconseillent aux touristes de s’y balader, mais que faire des habitants qui n’ont rien demandé ?


Mes parents se sont accordés pour m’appeler Sage et ayant pour nom de famille Rose, je vous laisse fais la liaison… Je ne sais si c’est ce quartier, l’albinisme partiel avec lequel je suis née, ou ce prénom que j’ai voulu contraster, mais je suis vite devenue une personne dure.

En effet différente, j’ai subi souvent des harcèlements, au début introverti, tout à dégénéré à mes 12 ans. J’allais pour rentrer chez moi, quand je vins me retrouver au milieu d’un gang, demandant mon porte-monnaie. J’avais peur, mais la situation des plus précaire de ma famille ne me permettait pas de perdre, même 5 dollars qui pouvait me faire 5 repas à 1 $ l’énorme part de pizza. Alors que je hurlais dans cette ruelle sombre, appelant à l’aide, je commençai à me faire tabasser. J’avais sur moi un petit couteau suisse, je l’agitais dans tous les sens, espérant pouvoir m’en sortir, entaillant tout ce qui se trouvait sur mon passage. Une lame vint me déchirer la joue, j’allais mourir, les larmes déferlant sur mon visage, suppliant la vie de ne pas m'abandonner, quand mon grand-frère arriva. Très bagarreur, il commença à les massacrer. Au loin, on entendit la police, bien que tous les deux salement amochés, nos assaillants ne continuèrent pas, ne voulant ni l’un, ni l’autre se faire attraper.

Malheureusement pour nous, les frais hospitaliers bien trop cher, nous ne pouvions aller nous faire soigner. On s’auto nettoya nos chairs sanguinolentes qui laisseront plus tard plusieurs cicatrices visibles, étant donné que mal nettoyée.

Mon grand frère vint aussi me recoudre la joue, j’avais mal, cela tirait, mais je ne disais rien, consciente d’avoir survécu au pire. Au final, c’est moi qui vins briser le silence.

- P’quoi t’as fait ça, j’croyais qu’tu m’aimais pas, qu’j’étais une sale gamine trop faible ?

Il vint ébouriffer mes cheveux agacés et répondit :

- Tu restes ma sœur, bien que je te porte pas dans mon cœur, je supporte pas qu’on te touche, c’est comme cela, c’est l’instinct et travaille un peu ton langage sale gamine, j’veux pas me faire griller que je suis un pouilleux auprès de mes potes. Puis j’vais t’apprendre à te battre.

Redevable envers mon frère, je commençai à m’appliquer durant les cours, suivant chaque soir un entraînement, me créant petit à petit ma bande de racailles. On ne venait plus m’embêter et j’en étais bien heureuse, les entraînements portaient donc leurs fruits.

Je voyais mon frère de moins en moins, j’avais désormais 14 ans et un jour, la police arriva, frappant à notre porte. Apparemment, ils auraient retrouvé notre frère dans le coma, l’emmenant à l’hôpital. Après enquête, ils avaient appris qu’il faisait parti d’un gang, devenu leur passeur pour se faire un bon petit pactole. Mon sang se glaça, suis-je bête… Lui qui subvenait à tous mes besoins à la place de nos parents pour les laisser souffler, me répétant qu’il avait trouvé un job, j’aurai dû m’en douter…

Alors que je disparaissais dans ma chambre, les larmes prenaient le sillon de ma cicatrice, humidifiant mes joues, c’était un choc, comment allions-nous pouvoir subvenir à tout ceci avec notre richesse ? La tête enfouie dans ma couette, je murmurais :

- Désolée grand-frère, je suis redevenue une sale gamine qui pleure… Mais pourquoi tu as fait cela ?!

La nuit passa, tristesse devint haine et c’est ainsi, que je vins décider que la rose que je suis deviendrait noire et couverte d’épine. Sage ne sera pas là pour exprimer la douceur, mais proclamer la sagesse de l’égalité par la vengeance.

Je n’allais plus beaucoup à l’école, passant mon temps dehors à me battre sans cesse, plus rien ni personne n’allait m’arrêter moi et ma bande, je me vengerai, peu importe si je devais tuer, mais ceux qui ont fait cela à mon frère n'avaient, à mes yeux, plus le droit de vivre ! Petite effrontée aux lacunes intellectuelles marquantes, je ne pouvais penser autrement que par la violence.

Au final, c’est une personne interne à l’école, qui, une année plus tard, contacta mes parents, rapportant mes méfaits, les tenant d’un témoignage extérieur…

Elle connaissait un moyen de calmer la jeune femme que j'étais, un ranch accueillant les délinquants à 400 miles d’ici. Mes parents désespérés, décidèrent donc de m’y emmener, espérant me voir changer et m’améliorer, ne payant rien pour moi, mon travail là-bas finançant le logement pour moi, les laissant ainsi superviser « au mieux » les soins pour mon frère.

Je ne dis pas que ce ne fut pas dur. Ready Yourselves Youth Ranch accueillait beaucoup de personnes me ressemblant.

Mais petit à petit, la haine en moi se calma, devenant finalement un fleuve tranquille. J’appris à monter, je n’étais certes pas une grande cavalière, mais je me débrouillais, souvent sans matériel, les chevaux habitués à cette monte douce et libre. C’était dur.

Lâcher prise, ne faire qu’un avec l’animal, lui faire comprendre en douceur notre demande et finalement être récompensée. Je me rendis alors compte que j'aimais cela, plus que je ne le pensais.

Ma voie fut finalement trouvée, je me mis à travailler au lycée comme une forcenée.
Bien que j’avais des lacunes, la famille d’accueil m’aida au mieux et me permis de rencontrer leur vétérinaire pour m’aider et m’apprendre les bases de son métier. Des pensionnaires, plus âgés que moi m'aidèrent aussi, pour qu'en un été, je puisse récupérer les bases principales pour me faire avancer.

Finalement, grâce au dur labeur fournis, le classement grimpa en flèche, devenant aisément première de la classe. Il faut dire que je ne me reposais pas sur mes lauriers, travaillant tous les soirs jusqu'à minuit, réservant mes weekends pour aider à plein temps le ranch.

Les années passèrent, je fis mes 3 premières années toujours prêt de ce ranch, ayant secrètement postulé à l’internat Kennedy pour y faire mon master. Je suis persuadée que je ne pourrais y accéder. Je ne suis ni riche, ni un génie, mais il est important de rêver.
En attendant, les propriétaires m’hébergent gratuitement, ne me demandant plus de travailler pour eux, voulant que je me concentre pleinement sur mes études. Je ne pourrais jamais les remercier assez pour ce geste, si chaleureux.

Un beau matin, à la relève du courrier, j’ai reçu cette fameuse lettre cacheté. M’attendant à un rejet, je l’ouvre en court de route, prête à la jeter, avant de hurler, que dis-je, exploser même, de joie. Tout le monde arriva, affolé, pour voir ce qu’il se passait, avant de lire, me félicitant, me prenant dans leur bras, m’ébouriffant les cheveux. Je pars faire ma valise, avant de refaire le tour de la propriété, tout allait me manquer. C’était devenu ma deuxième famille, j’allais finalement tout quitter, rejoindre mes racines biologiques.

Une chose est sûre, l’aventure commence maintenant.