Le monde extérieur est terrifiant. Si tu pouvais, tu resterais dans ta chambre toute la journée à lire des shoujos et à jouer à Animal Crossing, à fuir la dure réalité qu’est d’être une Herscovici. Dure réalité ? T’entendre dire ça te dégoûte profondément. Tu n’as pas le droit de te plaindre, tu es la fille de Mickey Herscovici, qui dirige une des plus grandes entreprises téléphoniques des Etats-Unis. Tu as la chance de faire partie d’une des familles qui possède la majorité de la richesse états-unienne. Pourtant, chaque jour est éprouvant.

N’ayant jamais réussie à former d’amitié dans le passé dû à une santé fragile et une sorte de rejet de tes autres camarades de classe, qui n’ont jamais aimé avoir une gosse de riche en leur compagnie, tu n’as absolument aucune idée de comment est-ce que le monde fonctionne. Timide à souhait, tu n’oses jamais dire non—accompagné avec une naïveté qui rappellerait celle d’un enfant de six ans, ta vie et ton intégrité ont déjà été en danger de nombreuses fois dans le passé. Ainsi, malgré ton caractère et ta bouille d’enfant sage, tu as déjà bu et fumé une ou deux fois, bien que les docteurs t’aient souvent répétés que ce n’était pas la peine d’essayer dû à ton corps bien trop faible pour se permettre de telles folies.

Pourtant, il faut bien que tu te forges. Tu as seize ans déjà, et ton entrée au lycée doit marquer les débuts d’une indépendance qu’il faudra bien que tu prennes à un moment ou un autre. Chaque matin, tu te regardes dans le miroir et te motives pendant quelques minutes. Allez, Dia ! Tu n’es plus une petite fille ! Il y a plein de gens qui sont dans la même situation financière que toi ici, tu peux le faire ! On ne se moquera pas de toi ! Tu as pris cette fâcheuse habitude de te parler toute seule, que ce soit devant une classe entière ou juste dans ta chambre, en vendant accidentellement ce que tu réservais comme cadeau à ton villageois préféré.

Pleurnicheuse et tout de même pourrie gâtée, tu pleures facilement et si quelque chose ne se passe pas comme tu le souhaites, tu te retiens très fort pour ne pas faire un caprice (mais tu ne t’en prives pas lorsque tu es chez toi : les membres du personnel sont là pour te faire plaisir alors pourquoi est-ce qu’ils ne te laissent pas grignoter du chocolat ?). Tu essaies de devenir plus forte et de retenir tes larmes… jusqu’à-ce que tu sois toute seule dans les toilettes pour pouvoir relâcher la pression.

Tu as rejoint Kennedy en particulier bien que tu ne sois pas spécialement fan de leur système parce que tu voulais forcer quelqu’un à te parler—en « adoptant » un élève d’une classe plus modeste, tu t’es dit que tu ne passera pas ta scolarité toute seule, contrairement au collège ou à l’école primaire.    Fatiguée d’être harcelée et/ou ignorée, tu espères que tes prochaines années seront dignes de celles d’un de tes shoujo préférés. La réalité, tu veux la fuir, parce que tu la détestes—et c’est bien ironique que tu aies choisie une école où la classe supérieure est en conflit avec les autres pour essayer d’oublier ton passé.